Entretien avec Markus Fischer, vice-président du Conseil de Fondation

«Un système de prévoyance doit avant tout être gage d’équité intergénérationnelle et de durabilité.»

 

Quelles sont vos motivations en qualité de vice-président du Conseil de Fondation de Medpension?

La prévoyance vieillesse tout comme le maintien des prestations comptent parmi les principales préoccupations de la population suisse. L’avoir épargné représente bien souvent la part principale de la fortune de nos assurés dans le deuxième pilier, ce qui témoigne de leur grande confiance envers notre politique de placement. Parallèlement, il s’agit de proposer à nos clientes et clients des solutions d’assurance qui tiennent compte de leur situation économique et sociale. Pour les membres du Conseil de Fondation, les tâches qui en découlent sont aussi variées que passionnantes. Certains membres du Conseil de Fondation travaillent ensemble depuis des décennies. Une excellente ambiance de travail règne au sein de cet organe de direction. Nous pouvons en outre compter sur un secrétariat, lequel met en œuvre et suit de manière proactive, efficace et fiable les attentes et les objectifs du Conseil de Fondation ainsi que du cadre juridique du deuxième pilier.

 

Quels objectifs vous tiennent à cœur dans votre rôle de vice-président?

La priorité est d’assurer le versement des prestations promises comme les rentes, les versements en capital, etc. Dans la mesure où les marchés financiers et le degré de couverture de la Fondation le permettent, nos assurés doivent pouvoir bénéficier de la réussite économique de la Fondation au travers d’une rémunération supérieure. Cet objectif central, notre Fondation l’a atteint haut la main au cours des dernières années. Je pense qu’il est également primordial de traiter les différentes générations d’assurés (actifs et passifs, personnes jeunes et âgées) sur un pied d’égalité, lorsque la loi et les circonstances le permettent. Nous nous efforçons en outre de préserver nos assurés en leur proposant de faibles primes de risque. La croissance de la Fondation dépend également du Secrétariat. En effet, pour mener à bien ses tâches, celui-ci doit disposer de suffisamment de personnel qualifié et motivé, ainsi que d’une infrastructure adéquate.

 

Comment Medpension se prépare-t-elle aux défis à venir?

Elle se prépare en étant animée d’une volonté de s’adapter continuellement aux nouveaux besoins et aux évolutions en ce qui concerne le deuxième pilier et en mettant sur pied des solutions appropriées ainsi que des étapes intermédiaires, à moyen comme à long terme. Nous devons faire de cette volonté d’apprendre et de mettre en application les connaissances acquises le fil rouge de notre travail, ceci tant au sein du Conseil de Fondation, en qualité d’organe de direction, qu’aux différents niveaux du Secrétariat.

 

Les critères ESG tels que le réchauffement climatique et les droits de l’homme sont désormais au cœur des préoccupations du public. Dans quelle mesure le placement des avoirs de prévoyance s’inscrit-il dans une démarche durable chez Medpension?

Ces dernières années, notre Conseil de Fondation a accordé une importance croissante aux questions liées aux critères ESG. Nous n’hésitons pas à investir dans des produits répondant à ces critères lorsque l’évaluation des risques et des perspectives de rendement de plusieurs possibilités de placement nous montre qu’il est possible de le faire. À titre d’exemple, nous avons récemment remplacé le chauffage au fuel par un système de chauffage à granulés dans le cadre de la rénovation d’un immeuble. Nous avons par ailleurs procédé en interne à l’analyse de notre portefeuille de placements: il en est ressorti qu’il remplit bien les exigences des critères ESG. Cette question, au cœur de l’actualité, ne rend pas la tâche aisée pour la Commission des placements. La prendre en compte nécessite l’analyse et le suivi permanents de nos investissements.

 

Vous êtes également membre du Conseil de Fondation de la Caisse de pension Fédération Suisse des Avocats (CP FSA). Comment tirez-vous profit des synergies à l’œuvre?

J’y occupe la fonction de Président de la Commission des placements. À ce titre, l’échange d’information entre les deux organes de direction de Medpension et de la CP FSA est un aspect qui m’est cher. Cet échange permet à Medpension et à la CP FSA (tant au niveau des secrétariats que des deux Conseils de Fondation) de partager et de mettre en application avec confiance les nouvelles connaissances et idées, ceci au profit des deux fondations. Dans ce contexte, la réalisation de projets immobiliers de plus grande ampleur ou l’exploitation commune de nouvelles catégories de placement sont envisageables selon moi. Sans compter qu’en faisant front commun, nous disposons d’un plus grand pouvoir de négociation auprès des banques afin de bénéficier de conditions plus avantageuses.

 

Quel changement souhaiteriez-vous voir survenir au niveau du système de prévoyance?

Un système de prévoyance doit avant tout être gage d’équité intergénérationnelle et de durabilité. La question est de savoir comment le système de prévoyance national peut s’y prendre pour respecter le principe d’égalité de traitement tout en répondant aux besoins de plusieurs générations. Lorsque je repense aux tentatives de réforme de l’AVS des vingt dernières années, toutes rejetées lors des votations populaires et affublées du slogan «Rentenklau», ou «vol des rentes», je ne suis plus très optimiste en la matière. Le système de prévoyance suisse à trois piliers a pris un retard notable par rapport aux autres systèmes du monde ces dernières années. Le Danemark a notamment choisi de relever l’âge de la retraite en réponse à l’allongement de l’espérance de vie, tandis que la Suède tient désormais compte du ratio entre la part de population active et inactive dans l’octroi de la rente étatique. Quant à savoir si de telles réformes sont possibles en Suisse, l’avenir nous le dira. Jusqu’ici, le peuple a rejeté des réformes même insignifiantes, dernièrement à l’occasion de la votation du 24 septembre 2017 sur l’AVS, avec un âge de la retraite repoussé à 65 ans pour les femmes et l’augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée, ou encore dans le cadre la réforme de la LPP pour le maintien des rentes. J’aimerais en somme voir davantage de professionnalisme et moins de politique dans la prise de décision quant à notre système de prévoyance. La responsabilité individuelle des jeunes va jouer un rôle croissant, par exemple en exploitant systématiquement les possibilités d’économies du troisième pilier dans le cadre de leur prévoyance vieillesse. Les cotisations d’épargne (dite «bonifications de vieillesse») en corrélation positive avec l’âge me semblent complètement dépassées. Elles rendent les salariés âgés très peu attrayants aux yeux des employeurs en termes de charges sociales. Une réforme à ce niveau permettrait un accès facilité à l’emploi pour les personnes plus âgées.